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2013-02-27
Atelier Le Passage



À ma mère,

C’est moi qui ce soir tiens ta main,
Tu arrives au bout du chemin,
Tu ne sais plus bien qui je suis…
Ta mère, ta sœur, où une amie ?
Peut-être ta fille chérie ?
Tes gestes sont lents et mesurés,
Toi qui étais si enjouée,
Avec le rire au bord des lèvres,
Tu sembles plonger dans un rêve…
Tu ne vois plus passer le temps,
Les jours, les nuits, et les saisons,
Ta chambre est ton seul horizon.
Et moi je te regarde émue,
Savourant les rares instants
Où je me revois dans tes yeux.
Remerciant tout bas le Bon Dieu
De me permettre d’être là,
Et de te serrer dans mes bras
Comme jadis tu le fis pour moi .
Ma mère, mon enfant, mon amie,
Je veux te dire encore merci,
Merci d’avoir guidé mes pas,
Séché mes larmes, aimé mes joies,
Merci d’avoir choisi mon père,
Merci d’avoir été ma mère.

Elisabeth Serre




L'ENVOL

JE PARS VERS TOI
J'EMPORTE AVEC MOI
L'ESSENTIEL JE LE SAIS

D'UN JOYEUX ÉLAN
JE LISSE TENDREMENT
MON ÂME DEPLOYÉE

JE QUITTE LA TERRE
JE M'ENVOLE VERS MON PÈRE
MA DESTINATION D'ÉTERNITÉ

J'ENTRE DANS LA LUMIERE
LIBRE ET LÉGÈRE
MA NOUVELLE RÉALITE

Ô DOUX CHANT
Ô MERVEILLEUX INSTANT
DIVINEMENT PARFAIT

Anna Faure




DE L'INNOCENCE A LA DÉSESPÉRANCE

Maisons rasées
Familles décimées
La guerre est passée

Ne reste qu'un enfant
Errant
Dans un paysage dévasté
Hier encore des siens entouré
Aujourd'hui abandonné

Il appelle sa mère
Chimère
Que faire
Désormais sur cette terre

Front plissé
Regard d'acier
Poing dressé
Enragé

Il est seul
Trop seul
Qu'on lui donne un linceul!

Renée Gaille



Le passage

Bienvenue au jardin d’éternité grand-mère,
Le temps s’immobilise et le vent est si doux.
L’exquise émotion d’un premier rendez-vous
Caresse vôtre cœur de son aile éphémère.

Dans une eau cristalline un cygne blanc s’ébat,
Sur l’immortelle rose un papillon se pose,
Gracieuse, elle attend dans sa robe mi-close
De l’arrosoir plaisant l’usage délicat.

L’instant offre son miel et partage sa joie
Quand le soleil nouveau entrouvre l’horizon.
Les bras ouverts devant l’accueillante maison
Sont l’amour renaissant que le ciel vous octroie.

Bernard Coudière



Passage

Passage à vide
entre le peu et le rien
entre un égo égaré
dans la nostalgie du passé
et le tempo fulgurant
d’un tango futuriste

passage à vide
long tunnel désaffecté
où nichent les chauves-souris
pendues et joyeuses

compter sur leurs cris aigus
pour saborder l’attente
et rejoindre la rive.

Colette Thévenet




LE PASSAGE

Du berceau aux tendres draps
Très loin
De l’enfance obscure enfance
De ses jardins touffus
Un peu moins loin
De la jeunesse qui délivre les larmes et la joie
De l’amour de la chair et du sang

De tout ce temps que le temps emporte
Que puis–je faire ?

Retrouver le premier éclat
Sur la peau maternelle
Et les grands soleils bleus
Des jeux de lumières
La corde raide
Du désir

Que reste-t-il ?

Des nuits
Des nuits longues
Raturées de noir
Sans aube
Absurdes

Il ne nous reste que cela
Chercher
Cette porte étroite
Qui s’ouvre
Au-delà de la poussière
Sur un petit morceau de bonheur

Passage et délivrance

Claire Demange




LA TRAVERSÉE

Dans son cours maternel, la vie est à l’enfant,
Protectrice, naïve, heureuse ou malheureuse.
Sa berge sagement le guide et le défend,
Jusqu’au pas, relevé d’humeur tumultueuse.

L’éphèbe alors perçoit, réjouit, l’horizon,
Qu’il suppose alléchant et d’un abord facile.
Il enjambe la rive, intrépide et glouton,
Avide de pêcher les plaisirs de la ville.

Il traverse la passe, insouciant et fier,
Arrogant quelquefois, lueur enthousiaste,
Creusant inconscient les rides de l’hiver,
De ces temps prélassés dans un bien être faste.

C’est ainsi qu’il arrive à l’âge où la raison
L’emporte sur tout autre exposé de naguère.
Il lui faudra très tôt protéger sa maison
Pour éviter la crue et sa suite sévère.

Il creuse alors son lit qu’il voudrait rassurant.
Les moyens lui sont courts, et jusqu’à l’estuaire,
Sa peine sera lourde à courir au-devant
De son ardent souhait d’un fatum de lumière.

Dans ces temps bien trop durs, il ornera ses jours
D’espoirs toujours conçus sans limites de l’âge.
Hélas, bien consommés, les ans sont à leur cours
Comme l’eau du grand fleuve après un long passage.

Roger Jimenez




LE PASSAGE

Passer est mon injection
Passer est mon ordre
Passage de l’envie
Passage du désir
Quand je passe, tu apprécies
Quand nous passons, vous acquiescez
Passage de l’envie
Passage du désir.

Serge Delmas




PASSAGE


Il y a des jours où l’on aimerait
Être ailleurs. On peut imaginer
Que là-bas, le temps serait
Différent, plus amical, moins routinier.

Et s’il suffisait d’emprunter
Ce passage imaginaire pour arriver
Au Paradis où tout est frais et gai,
Où il fait bon vivre en toute tranquillité

Un passage qui rend sage
Qui laisse le loisir de réfléchir,
De reprendre confiance en soi, voir son image
Heureuse, trouver que tout est beau et des rires.

Un passage réel, tel la passerelle
Un passage souterrain sans gardien
Un passage à vide, sans guide,
Et le passage imaginaire vers un autre air.

Laurence Terrade



Je filme une vie
Dans un musée, un jour, un tableau m’a chaviré le cœur; C’était une photographie qui représentait un champ ravagé par des mines en Ukraine et recouvert de neige avec des arbres morts dressés dans ce désert blanc...

Landes que dessine la mort
Embrassent froide solitude
Arbres décharnés de remords
Neige étouffant les certitudes

Zoom arrière tableau immense
Histoires de vies inconnues
Quelques mots sur un mur silence
Que sont les vivants devenus

Zoom arrière encor musée vide
Miroir rayé d’un monde nu
Je suis seul en ces lieux arides
Seul si seul en mon cœur ténu

Entre réel et irréel
Passe en ce tableau univers
Demi-mort neiges éternelles
Parmi les ombres de l’hiver

Rêve ou paradis ne sais plus
L’enfant scrute l’œuvre muette
Il sent de mon âme absolue
Le souffle s’envole un poète

François Demange


ATELIER