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2011-06-10
Hommage à Marie-Thérèse Sart



POUR MARIE-THÉRÈSE.

Marie-Thérèse Sart, notre amie poète, lumière du Cercle Amélie Murat dont elle fut la présidente pendant de nombreuses années et qu’elle anima avec raffinement, subtilité et beaucoup d'élégance, nous a quittés, doucement, discrètement.

Nous voulons, en tant que membres de ce Cercle de poésie qu’elle aima tant, lui rendre hommage et lui dire combien elle nous manquera, elle si fragile et si forte, face à la maladie qui l’affaiblissait.

Au cours d’une de mes visites alors qu'elle était dans un état de grande fatigue, elle me dit en souriant qu'il y avait beaucoup plus grave, qu'elle avait déjà bien assez vécu et n'avait pas le droit de se plaindre. C'est bien ce qu'elle écrit dans son recueil Un arbre dans la nuit.

«Il est en moi tant de visages
Il est en moi tant de regards
et tant de mains,
tièdes
ou fraîches
et tant de bruits de pas,
de rires
et de voix claires ou voilées
tant de fatigue
et tant de larmes...
que je ne sais plus rien,
de la vie, de la mort,
de l'amour et de la tendresse,
de l'amour et de la tristesse.

Un jour, je rejoindrai dans ce jardin
si calme
dans ce jardin de paix où se fanent les fleurs,
tant de mains endormies,
tant de voix effacées,
tant de visages effeuillés
dans le brouillard léger
et blanc
du souvenir.

Un jour je serai là
Sous une tombe plate.

Ce sera bien.»


J’aurais aimé, Marie-Thérèse, vous rendre une dernière visite – pour parler de votre poésie légère, puissante toute en harmonie, pour parler de poésie tout simplement, elle qui toujours vous poussait plus avant.

«Il faut que la poésie soit,
elle n’est plus qu'un cri vers vous.» À nos yeux étonnés

J'aurais alors certainement ressenti en votre présence – même si la maladie vous taraudait - cette sérénité face à la mort que vous ne redoutiez pas, tant il y avait d'amour, de confiance, de foi, de tendresse en vous. Vous m'auriez peut-être lu alors ces quelques vers tirés de votre recueil A nos yeux étonnés.

«La vie est faite pour aimer
les arbres, les jardins
et les matins étroits dans les brumes d'automne ;
tous les pauvres humains
qui s'en vont solitaires...
La vie est faite pour aimer,
et dans mon cœur
ouvert au vent comme une lande,
je moissonne la paix...
Demain sera don.
Comme la vie.
Comme la mort.
Cet enfant apeuré
mes bras le berceront.

Sur les feuilles brunies
les pas légers du vent.
Et le soleil des jours d'hiver
tremble avec mon amour.»

Cet espoir irréductible, cette lueur que vous portiez en vous, vous me les aviez déjà offerts en toute générosité lorsque mon père André Desthomas, poète qui vous estimait et soutenait au sein du Cercle Amélie Murat nous quitta en 2004.

Le jour de son enterrement, vous étiez venue lui rendre un profond hommage en poésie dont je me souviendrai toujours. Vous aviez monté les marches de l'autel pour parler de mon père. Longue et frêle silhouette, un peu courbée avec votre grand chapeau, si émouvante.

À moi maintenant, au nom du Cercle Amélie Murat et de mon père lui aussi disparu de vous accompagner vers la lumière. «tout homme, toute femme, dans sa nuit va vers la lumière.»

Et vous qui avez tant donné à vos amis, à votre famille et à tous les poètes jeunes et moins jeunes qui vous ont entourée, vous serez au-delà de la vie.

«Un peu de bleu sous le ciel clair
Un oiseau gorgé d'espace
Un océan qui vient mourir dans le soleil de Dieu.» A nos yeux étonnés

À vous Marie Thérèse.

De la part de Claire Desthomas Demange et du Cercle Amélie Murat POUR MARIE-THÉRÈSE.


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