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TEXTES D'AMÉLIE MURAT



JE PENSE À VOUS


Je pense à vous, lointain ami de ma jeunesse
Vous que j'ai fait souffrir sans comprendre vraiment,
Car ces choses ne sont point choses qu'on connaisse
Avant de les avoir souffertes... en aimant.
Je pense à vous, d'un cœur compréhensif, à l'heure
Où le mal que j'ai fait, largement m'est rendu,
Ne me révoltant pas sous la loi, si je pleure,
Quand ce vindicatif talion m'était dû.
Couples désaccordés, nous traversons la vie,
Tendant nos bras qu'affole un vertige émouvant...
Et l'instinct auquel l'âme imprudente se fie,
N'est pas plus assuré que le souffle du vent.

Et toujours, leur fatal déroulement ramène
La promesse de l'algue ou la fleur du baiser!
L'appel languit... trop tard l'exauce la réponse.
Quel cœur fut clairvoyant, quel autre se trompe?
Voici crouler la vague où le geste s'enfonce...

-Bien-aimé, bien-aimé, tu ne m'aimesras pas?


Extrait de Le sanglot d'Ève



TEXTES AMÉLIE MURAT