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TEXTES D'AMÉLIE MURAT



AU BORD D'UN CANAL


Ce n'est rien qu'un miroir d'eau lisse, ou le passant
Voit les peupliers joints arquer leurs souples stèles;
Rien qu'un ruban de ciel proche et rafraîchissant,
Offert au flexueux rondeau des hirondelles.

Ce n'est que ce paisible et patient canal,
Où le matin essore un linge ourdi de brume;
Où le soleil du soir flambe comme un fanal
Qu'une barque tardive et soupçonneuse allume...

Si tu viens cependant reposer sur ses bords
Tes yeux meurtris par la poussière de la ville,
Et t'amuser à voir, le long du petit port,
Les énormes chalands louvoyer à la file;

Dans cet humble canal, plus discret qu'un ruisseau
Plus étroit, en son lit fermé, qu'une rivière,
Discret comme un vivier, étroit comme un berceau,
Reconnais l'artisan de l'œuvre la plus fière:

Puisque son cours factice, au but double et lointain,
Qu'un fleuve parallèle accompagne ou devance,
Baignant le pays welche après le sol latin,
Unit l'Alsace blonde à la brune Provence!

Extrait de Humblement sur l'autel



TEXTES AMÉLIE MURAT